Quand Camille Claudel s’invite à la semaine de l’entreprenariat féminin…
Le vendredi 11 Mars 2016, le Collectif pLuRiel des Arts de la Scène (C.P.A.S) s’est produit sur scène pour un extrait de son spectacle « les secrets de Camille ». Cette représentation a eu lieu dans le cadre de la soirée de clôture à la semaine de l’entreprenariat féminin au 104 à Paris. Lia Rives, directrice artistique et chorégraphe, nous a fait part de son œuvre sur Camille Claudel.
104 Factory, Sorbonne université et 1000 entrepreneurs sont les trois organisateurs de cette semaine sur l’entreprenariat féminin autour de l’art et de la culture. Afin de clore cette semaine enrichissante, une soirée de clôture a été organisée, à laquelle le CPAS a été conviée. Le Collectif nous a offert la représentation d’un extrait de son spectacle « les secrets de Camille » dont le texte du spectacle est une œuvre d’Aude Constans, écrivain. Le maître mot de cette œuvre est la pluridisciplinarité. En effet, elle regroupe un collectif de plusieurs artistes, dont Apolline Di Fazio, danseuse, Marion Colombi, compositrice, et Lia Rives, elle-même actrice et danseuse. Ces trois artistes sont d’anciennes élèves du Pôle Supérieur Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB), Lia et Apolline ayant suivi la formation de 1er cycle d’enseignement supérieur de danse Jazz et Marion Colombi la formation musique.
Après l’obtention de son diplôme national supérieur professionnel de danseur (DNSPD), Lia Rives décide de créer son collectif. Elle se lance dans le monde de l’entreprenariat et devient ainsi une jeune entrepreneure dans le domaine de l’art et du spectacle.
Quant à la représentation, Lia Rives a sélectionné quelques tableaux de son spectacle. Les artistes ont fait le choix de ne pas nous présenter la vie de Camille Claudel de façon autobiographique. Ils nous la décrivent à travers ses émotions, ses humeurs, ses tourments. Lia Rives a donc choisi d’aller au-delà d’une simple description de la sculptrice en nous transmettant la fragilité de cette dernière à travers une mélodie à la harpe envoûtante, un texte saisissant et une chorégraphie frénétique.
La mélodie envoûtante de cette œuvre, nous la devons à Marion Colombi. Installée au milieu de la scène avec sa harpe, elle joue de temps en temps quelques notes, s’arrête, puis reprend. La position centrale de la harpe sur la scène fait de cet instrument l’une des pièces essentielles du puzzle permettant de reconstituer les émotions de Camille. L’instrument se marie à la perfection avec le texte interprété par Lia Rives, qui peut en un rien de temps basculer d’une ambiance lente et maussade à une ambiance explosive
Apolline Di Fazio et Lia Rives interprètent aussi la vie de Camille sous le prisme de la danse contemporaine. Leurs mouvements collent à la perfection avec cette atmosphère de questionnement sur la psychologie de Camille. Elles semblent perdues, tournent en rond, dansent avec une énergie hors norme, regardent le ciel, puis finalement s’assoient sur une chaise et laissent place à la réflexion. Ces changements de rythme s’inscrivent dans ce mouvement initié par la harpe et le texte. Tout semble coller à la perfection : texte, danse et musique.
Plusieurs questions nous viennent à l’esprit : Camille Claudel est-elle désorientée ? Est-elle tellement amoureuse de Rodin qu’elle en deviens- folle ? Est-elle schizophrène ? A chacun son interprétation. Lia Rives nous laisse ainsi le choix de réfléchir à notre propre vision de la personnalité de Camille, qui passe d’un ton joyeux à une humeur sauvage. Elle cherche à résoudre cette énigme qui repose en elle. Elle ne sait pas, elle hésite, elle reste perplexe. Elle pense avoir trouvé ! Mais non… finalement le problème est autre.
A la fin de la représentation, le directeur des universités Paris 1 Sorbonne a fait un discours de remerciements, portant sur la question de la nécessité de développer le monde de l’entreprenariat féminin. Ce discours a laissé place à une table ronde. Les intervenantes étaient issues de milieux divers du monde de l’entreprenariat féminin. Elles nous ont fait part de leurs expériences respectives, ont donné des conseils aux futures entrepreneures, en expliquant que les femmes aussi avaient leur place dans le monde de l’entreprenariat.
Cette soirée de clôture s’est achevée par un cocktail durant lequel les artistes du CPAS ont pu échanger avec ces intervenantes, les organisatrices ainsi que les jeunes qui ont pour ambition de se lancer dans l’entreprenariat mais qui sont encore un peu hésitants. Elles ont partagé leurs conseils et leurs ambitions, avec pour objectif de ne jamais se laisser décourager par un obstacle car il est très souvent possible de le surmonter.
Le Collectif Pluriel des Arts de La Scène sera en résidence en centre hospitalier début Juillet au Mans. Leur participation à la journée de l’entreprenariat féminin prouve bien que ce collectif mené par Lia Rives a toute sa place dans le monde de l’entreprenariat artistique. Lia, artiste pluridisciplinaire a choisi de créer son propre collectif afin de poursuivre cette quête de liberté, étroitement liée avec ses qualités d’artistes, pour lesquelles il est indispensable de rechercher l’émancipation de son esprit et de son corps.
Le monde artistique est étroitement lié avec le monde de la création, de la nouveauté, de l’innovation. Etre artiste, c’est transmettre ses idées, émotions via un mouvement corporel et intellectuel. Cette idée d’innovation colle à la perfection avec le milieu de l’entreprenariat. En effet, être entrepreneur(e), c’est avant tout être à l’origine d’une création, responsable des choix que l’on fait, des risques que l’on prend. C’est tout simplement prendre des initiatives et les assumer. C’est en ce sens que le monde de l’entreprenariat artistique, encore peu développé, a toute sa place dans la sphère de l’entreprise. Le monde des entrepreneurs est encore trop masculin. Il convient de le féminiser, non seulement par le biais du développement des auto-entrepreneures dans le domaine de l’art, mais bien évidemment dans les autres domaines. De manière plus générale, il faut donner aux femmes entrepreneuses des outils efficaces afin que leur projet puisse réellement aboutir, et ainsi permettre à la création d’entreprise de se développer davantage en France.